Fortement prisée durant la période estivale pour ses plages aux eaux turquoise et sa douce oisiveté, la Corse n’en demeure pas moins une destination quatre saisons. À l’automne, alors que le temps se fait plus frais et que les journées raccourcissent progressivement, les forêts d’arbres à feuilles caduques se parent de couleurs flamboyantes et les cheminées se remettent à fumer dans les villages. C’est l’occasion pour les familles de faire perdurer les coutumes et les valeurs liées à la Toussaint en honorant les défunts par le fleurissement des tombes avec de magnifiques chrysanthèmes.
Au-delà de cette vive tradition, l’arrière-saison permet de pratiquer un grand nombre d’activités loin de l’agitation de l’été. Au programme, cueillette des champignons, récolte des châtaignes, randonnée en forêt, activités nautiques, ou encore nuitée dans une belle ferme auberge de montagne.
Les touristes étant beaucoup moins nombreux sur l’île en cette période de l’année, la Corse propose un visage plus intime tout en offrant la quasi-totalité de ses atouts estivaux, le tout à des tarifs plus accessibles.
Au sommaire :
Randonner dans une forêt aux couleurs de l’automne
À une petite heure d’Ajaccio, la vaste forêt territoriale de Vizzavona est principalement composée de pins larici et de hêtres. Si les premiers sont des conifères à feuilles persistantes, les seconds sont quant à eux une espèce d’arbre à feuilles caduques qui se déplume entre le milieu du mois d’octobre et de novembre. Cette mue s’accompagne d’un spectacle saisissant de beauté lorsque le feuillage des arbres se pare de couleurs éclatantes comme le jaune, l’orange, et le rouge.



Dans ce décor enchanteur et mystérieux, au pied du Monte d’Oru (2389 mètres) et de la Punta Dell’Oriente (2112 mètres), d’innombrables sentiers de randonnée permettent aux promeneurs d’explorer les environs.
À seulement une heure de marche du col, il est possible de découvrir les authentiques bergeries en pierre sèche de Porteto, protégées par la canopée rougeoyante de hêtres pluricentenaires. Plus au sud, toujours au départ du col de Vizzavona, la boucle de la Madonuccia est une autre invitation à la flânerie. Bien balisé et cairné, le chemin conduit à une première halte aux bergeries des Pozzi, avant de poursuivre l’ascension jusqu’au rocher de la Madonuccia. Ce balcon naturel, qui culmine à 1540 mètres d’altitude, dévoile un fabuleux panorama sur l’ensemble de la vallée ainsi que sur les cimes colorées des arbres.
Pour retrouver ce type de paysage automnal sur l’Île de Beauté, il faut se rendre du côté de la Castagniccia et de la hêtraie qui enserre le plus haut sommet de ce massif : le Monte San Petrone.

La récolte des châtaignes et la cueillette des champignons
Sous la houlette des Génois, les Corses vont fortement être incités à planter "l’arbre à pain", ou châtaignier, afin de subvenir à leurs besoins. L’arbre, qui tient toujours une grande place dans le paysage de moyenne montagne insulaire, a permis la mise en culture de certaines parcelles impropres à la plantation d’autres essences. Pouvant vivre un millénaire et mesurer jusqu’à 25 mètres de circonférence dans ses vieux jours, le châtaignier donne des fruits et du bois.
La châtaigne était consommée telle quelle par la population locale ou par les porcs – dont les élevages étaient nombreux – mais pouvait également être transformée en farine. Enfin, le châtaignier était utilisé pour son bois que l’on sculptait en mobilier : pétrins, vaisseliers, chaises, etc. L’exploitation de cet arbre emblématique a même donné naissance à une activité commerciale et industrielle florissante par l’échange de tous les produits dérivés qui en étaient tirés.

De nos jours, une grande partie des châtaigneraies ne sont plus entretenues, mais quelques irrésistibles font perdurer cette arboriculture ancestrale. Aussi, les Corses sont restés attachés à la récolte des châtaignes qui se déroule généralement au mois d’octobre.
C’est l’occasion pour les familles de s’évader en montagne et de rallumer la cheminée de la maison de village dans laquelle on fera griller ce fruit généreux. À l’automne, dans les sous-bois humides de l’Île de Beauté, on ne trouve pas que des fruits tombés de l’arbre. D’étranges formes organiques couvertes d’un chapeau percent le sol en direction du ciel.
Moment convivial, la cueillette des champignons s’effectue après les premières pluies abondantes et le retour du soleil. Dans son panier en osier, si l’on est chanceux, viendront s’entasser bolets, cèpes, girolles, et bien d’autres variétés de ce mets que l’on pourra préparer en fricassée ou en risotto.

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Profiter d’une température de l’eau toujours clémente et d’un climat plus doux
Fin octobre, début novembre, la température de la mer Méditerranée est toujours très clémente et dépasse encore les 20 °C. Néanmoins, en cette saison de transition météorologique, la fréquence des dépressions augmente et le vent se met à forcir. Une véritable aubaine pour les amateurs de nautisme à la voile qui peuvent alors profiter de conditions quasi idéales pour s’adonner à leur passion.
Dans le sud de l’île, le spot de la Tonnara bénéficie d’une renommée mondiale pour la pratique du kitesurf et du windsurf, qui selon la puissance du vent peut se révéler être un spot réservé aux experts.
En Corse, les journées d’été sont si chaudes sur la frange littorale qu’il est fortement déconseillé de marcher lorsque le soleil est à son zénith. La Toussaint, avec ses températures plus douces, est l’occasion d’apprécier certains sentiers littoraux qu’il n’est pas véritablement possible de pratiquer en juillet-août ; du moins sans dégouliner de la tête aux pieds.

C’est l’occasion, par exemple, de découvrir la tranquillité du désert des Agriates et la beauté de ses paysages de carte postale qui sont connectés entre eux par le sentier des douaniers. Pour les amoureux d’outdoor, les Agriates sont un terrain de jeu formidable qui permet de marcher de la plage de l’Ostriconi à la petite ville portuaire de Saint-Florent.
Au menu, plages caribéennes et vieilles bâtisses en pierre qui font aujourd’hui office de refuge. Nommés « pagliaghji » ou « paillers », ces abris ouverts au public servaient autrefois à stocker de la paille pour les bêtes.
Toujours dans la veine aventure et exploration, la randonnée littorale de Campomoro à la plage de Roccapina est elle aussi d’un dépaysement absolu. Pensez à bien réserver votre nuitée au phare de Senetosa.

Loin de l’agitation estivale, redécouvrir l'artisanat corse
Du côté de la Balagne, après l'effervescence des beaux jours, revient le calme des journées plus courtes. Ce sera l’occasion de redécouvrir cette splendide microrégion en empruntant la route des artisans. De Calenzana à Pigna, en passant par Sant’Antonino, le dépaysement sera total après une belle promenade dans les ruelles pittoresques de ces villages implantés au pied du massif du Cintu.
Loin de la cohue et des parkings bondés de l’été, l'arrière-saison en Alta Rocca permet également de profiter en toute quiétude de ce territoire sauvage. Tout comme en Balagne, le tour des villages est une bonne activité pour apprécier l’architecture des maisons dont les pierres ont été taillées dans le solide granite de la région.

À Levie, petit bourg animé doté de son collège, une adresse sur les hauteurs ne manque pas de surprendre les visiteurs qui passent le pas de la porte. Il s’agit de "A Pignata", une rustique et moderne ferme auberge tenue par les frères De Rocca Serra. Perché à 800 mètres d’altitude en pleine forêt, cet établissement incontournable propose des chambres confortables, des caseddi, des cabanes, et une cuisine "nustrale" ("de chez nous") particulièrement savoureuse.
On y déguste une excellente charcuterie maison, un agneau de 7 heures caramélisé au four, des cannelloni au brocciu, ou encore de délicieux fromages du berger. Le tout après avoir choisi un vin d’exception proposé à la carte de cette table renommée.


Les marchés, moins prisés que durant l’été, sont eux aussi à cocher dans la liste des choses à faire et à voir. Artisans et producteurs dévoilent leurs savoir-faire sur les étals des marchés d’Ajaccio, de Bastia, ou encore de l’Île Rousse. C'est également la belle saison des foires gastronomiques, nombreuses dans l'île en cette période.
S'ouvrir au tourisme culturel, des musées aux sites archéologiques
De même, il peut être intéressant de visiter les nombreux musées de l’île, comme le musée de la Corse, le musée Fesch, ainsi que le musée de Bastia. Pour ne citer que ceux-là...
L'autre richesse de la Corse se révèle dans ses rares sites archéologiques et préhistoriques, qui portent le visiteur des peuplades du néolithique aux cités romaines de l'Antiquité. Filitosa, près de Sartène, ou Aleria, sur la Plaine Orientale, font partie des immanquables.

Le seul conseil que je pourrais vous donner sera de vérifier si les lieux cités ici restent ouverts au moment de votre passage (c'est normalement le cas) ; en effet, certains ferment occasionnellement lors des fêtes, ou marquent une pause de quelques mois à partir de novembre.
Prenez le temps de naviguer dans notre magazine, car nous avons publié de nombreux reportages sur les expériences à vivre en Corse, en cherchant toujours à mettre en lumière celles qui valorisent le mieux le patrimoine insulaire.

Après 10 années passées entre Paris et Montpellier, Sébastien est retourné vivre sur l’île qui l’a façonné : la Corse. Enivré par la beauté brute qu’elle a à offrir, il aime y explorer sa nature sauvage.
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