© Michela Peddis
temple d'antas à fluminimaggiore

Entre ciel et profondeurs à Fluminimaggiore, terre du dieu fondateur des sardes

Par Michela 5 min. de lecture
5/5

En Sardaigne, les formes mythiques du temple d'Antas survivent à l'usure du temps. Ici, à quelques lieues de Fluminimaggiore et de Buggerru, Babay, Padre ("père"), protecteur du peuple nuragique, était vénéré comme la divinité masculine suprême par les civilisations indigènes, il y a plus de 3000 ans. Ce monument dédié au dieu Sardus Pater Babai reste - encore aujourd'hui - une figure emblématique et discutée de l'histoire insulaire.

Suivez-moi dans la Valle di Antas, où un édifice divin côtoie de magnifiques grottes et une mine classée "Travellers's Choice" par TripAdvisor.

Au sommaire
  • Sardus, "dieu-héros" fondateur de la Sardaigne
  • A la recherche d'un temple perdu
  • La découverte récente du temple d'Antas
  • Des vestiges archéologiques à la grotte de Su Mannau
  • Toujours sous terre, visiter la mine de Su Zurfuru
  • Promener le regard à Fluminimaggiore

Sardus, "dieu-héros" fondateur de la Sardaigne

Après la conquête des Carthaginois, Babai fut reconnu et vénéré comme le dieu Sid Addir Babay, avant d'être renommé en Sardus Pater Babay sous l'occupation romaine.

Au fil des civilisations et dominations, tout ramène à un personnage unique et légendaire : Sardus, fils du phénicien Melqart ou de l'Hercule romain. Selon les textes les plus anciens, Sardus était le dieu-héros éponyme de la Sardaigne, ainsi que l'ancêtre-fondateur de la civilisation nuragique.

Evidemment, nous n'avons aucune certitude sur sa véritable identité historique. Mais une chose est certaine : le temple millénaire d'Antas qui émerge sur le relief vallonné de la plus célèbre vallée de Fluminimaggiore, dans le sud-ouest de la Sardaigne, lui a été consacré.

A la recherche d'un temple perdu

Le voyageur qui pénètre la Valle di Antas ressent immédiatement la sacralité du lieu, grâce au silence inhabituel qui domine le paysage. Car le temple, niché dans les forêts centenaires des reliefs d'Iglesias, renferme de nombreuses preuves historiques et archéologiques... Tout autant que des énigmes encore à résoudre.

Depuis le XVIème siècle, le temple d'Antas fait en effet partie des mystères les plus complexe de toute la Sardaigne.

Explorateurs, historiens et cartographes, comme dans les aventures cinématographiques de l'intrépide Indiana Jones, sont partis à la recherche de l'introuvable "Sardo Pátoros Ieròn" - le temple du Sardus Pater en grec. Il s'appuyaient pour cela sur l'ouvrage Géographie de l'égyptien Ptolémée, publié au IIème siècle après- J.C.

temple d'antas © Michela Peddis
3 civilisations se sont recueillies dans le temple d'Antas.
les ruines du temple d'antas en sardaigne © Michela Peddis
Ces colonnes ont traversé les millénaires.

Bien que Ptolémée ait indiqué les coordonnées géographiques du lieu sacré, celles-ci ont trompé les meilleurs chercheurs et historiens de la Sardaigne ! Même le général Alberto della Marmora n'a pas été épargné. En 1838, influencé par les conjectures de l'historien Fara et par la récente découvertes de ruines, il situe le temple près de Capo Pecora, une ville côtière du territoire d'Arbus.

20 ans plus tard, le même général, trouvant une nouvelle colonne et trompé par de fausses cartes d'Arborea, déplace le temple à Capo Frasca, la pointe sud du golfe d'Oristano. Deuxième erreur !

Et pourtant... Il ignorait que le "vrai" temple était à sa portée. En effet, à la même époque, il note dans son Voyage en Sardaigne l'existence d'un temple romain inconnu dans la vallée d'Antas, totalement occulté par la forêt boisée. Des fragments de chapiteaux, de colonnes et d'inscriptions, répandus sur la base du temple, compliquaient grandement l'analyse.

En réalité, il manquait au général quelques pièces du puzzle...

La découverte récente du temple d'Antas

Il faudra attendre 1954 pour que les premiers signes les plus révélateurs soient décryptés. Une inscription suggère aux chercheurs qu'ils sont en présence du temple de la plus haute divinité des Sardes. Trop tard pour La Marmora, décédé un siècle plus tôt.

Ce n'est qu'en 1967, avec la découverte d'une autre inscription, que l'énigme séculaire prend fin. En fait, la nouvelle carte trouvée et combinée avec celles déjà connues révèle le titre complet du temple :

Imperatori Caesari M. Aurelio Antonino. Augusto Pio Felici templum dei Sardi Patris Babi vetustate conlapsum

Une fois le mystère résolu, les pièces furent assemblées, donnant une nouvelle vie au temple. Une série de fouilles menées par les meilleurs archéologues italiens, révèlent la double origine du site : l'édifice romain de Sardus Pater était construit au sommet d'un ancien temple d'origine punique du Vème siècle avant J.C., dédié à Sid Addir Babay.

temple de sardus pater en sardaigne © Michela Peddis
Le temple d'Antas incarne toute l'âme du peuple sarde.

Si le Sardus Pater reste une figure abstraite, figée entre histoire et légende, la vallée d'Antas affiche un visage bien identifé, qui remonte à une période beaucoup plus lointaine que les ères puniques et romaines. Il s'agit d'une statue de bronze nuragique trouvée dans les tombes à quelques mètres du temple.

Cette statue semble concentrer en elle-même, toute l'essence et la nature primitive de la Sardaigne : elle apparaît comme un chasseur et comme un guerrier qui, dans sa nudité totale, manie un javelot à sa gauche, tandis que sa main droite est levée en salut royal.

Dans cette salutation, l'esprit fier et hospitalier du peuple sarde est représenté ; car le sarde croit fermement au caractère sacré de l'hospitalité, tant que cela ne constitue pas une menace pour sa terre et sa liberté.

Celles et ceux qui arrivent à Fluminimaggiore ressentent vraiment l'hospitalité et la fierté de ses habitants. Des habitants conscients de vivre dans un pays qui promeut la culture, les traditions folkloriques et gastronomiques, une terre qui possède un riche patrimoine historique, minier et environnemental.

Après le magnifique temple d'Antas, une série d'autres sites touristiques comptent parmi les attractions les plus renommées de la Sardaigne. Les voici.

Des vestiges archéologiques à la grotte de Su Mannau

Il faut remonter un peu au nord du temple d'Antas, en direction de Fluminimaggiore, pour découvrir les grottes enchanteresses de Su Mannau.

grotte de su mannau © Michela Peddis
Retrouver la fraîcheur des profondeurs à Su Mannau.

Là, d'imposantes stalactites et stalagmites se reflètent sur les plans d'eau immobiles, et un chemin facile serpente le long d'une passerelle suspendue entre les hauteurs et les profondeurs de la cavité karstique. Cette œuvre géologique était déjà connue à l'époque pré-nuragique et était étroitement liée au culte de l'eau et au temple de Sardus Pater.

Toujours sous terre, visiter la mine de Su Zurfuru

L'aventure des profondeurs continue avec une visite de la mine de Su Zurfuru, classée "Travellers' Choice" par Tripadvisor.

miniera di su zurfuru © Michela Peddis
Vue de la mine de Su Zurfuru, près de Fluminimaggiore.
mine de su zurfuru en sardaigne © Michela Peddis
Les vestiges de la vie souterraine dans la mine de Su Zurfuru.

Parmi les machines et les équipements d'origine des mineurs, le musée révèle l'histoire fascinante d'une Sardaigne qui a vécu l'une de ses périodes les plus prospères mais sacrificielles entre le XIXe et le XXe siècle. La mine de Su Zurfuru met évidemment en lumière les vicissitudes et les mésaventures des vies humaines employées aux travaux souterrains.

Promener le regard à Fluminimaggiore

Dans Fluminimaggiore, déambulez ensuite le long des rues de la ville pour observer les peintures murales qui colorent les murs des maisons. Votre promenade vous emmènera jusqu'au Mulino Licheri, sur la rive du Rio Mannu, ancien moulin à eau transformé en musée ethnographique pour raconter l'histoire de la communauté.

murales fresques de fluminimaggiore © Michela Peddis
Comme souvent en Sardaigne, les murs sont couverts de magnifiques fresques.
musée du moulin à eau fluminimaggiore © Michela Peddis
Dans le musée ethnologique du Mulino Licheri.

Je pourrais raconter de nombreuses histoires sur la Valle di Antas, mais la plus mystérieuse reste selon moi celle de la disparition de Metalla. Dans cette ancienne colonie minière de la région d'Iglesias, sous la Rome impériale, les esclaves condamnés à la "Damnatio ad Metalla" étaient forcés de travailler dans la mine ; le temple d'Antas en était alors son lieu de culte.

Bien que certains historiens s'accordent à situer la cité perdue près de Grugua, dans les montagnes de Buggerru, le mystère reste toujours sans réponse. Une dernière énigme semble résonner dans la vallée : où es-tu, Metalla ?

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